vendredi 15 août 2025

CONTENU

 

- Tout est devenu consommable. La moindre activité doit être communiquée à la terre entière dans l'espoir de "percer sur les réseaux sociaux", de "faire le buzz" ou d'être reconnu comme un "créateur de contenu". De quel contenu s'agit-il ? Ce n'est pas dit. Tout est contenu. Allumer sa console de jeux vidéo, faire un footing, cuisiner, tout est filmable-diffusable-likable. Chauffeur de poids lourd, moniteur d'auto-école, motard, cycliste, chacun veut un public, une audience, "une commu", chacun souhaite qu'autrui atteigne l'extase en le regardant lui, le héros, la star de sa vie, vie qui n'existe pas s'il oublie de la filmer.

- Répugnante recherche d'attention.

- Certes, mais la recherche d'attention me répugne moins que la cohorte de ceux qui donnent leur attention. Ils sont le vrai moteur de ce phénomène. On ne nous a jamais autant fait croire que nous étions une génération speed, connectée, overbookée, shootée au bougisme, amoureuse du changement, alors que le succès de tous ces "créateurs de contenu" prouve qu'au contraire ce que notre époque fabrique en masse, c'est des humains à l'arrêt, scrollant jusqu'à la fin des temps. Des consommateurs de "contenu".

Frédéric Beigbeder - 99 Francs

 

Unpopular opinion ? Frédéric Beigbeder est un meilleur romancier que Michel Houellebecq.

Son 99 Francs est amusant, créatif et bien construit, on y suit les turpitudes et la descente aux enfers du jeune cadre dynamique de la com' Octave, dont certains traits d'esprits raviront les salariés dégoûtés du Système dont ils assurent ironiquement mais par obligation la survie et la perpétuation, c'est-à-dire quasiment tous les salariés dudit " secteur tertiaire" que vous pouvez connaître, vous compris.

Octave finira-t-il au somment de la gloire ou réussira-t-il son autodestruction ? C'est tout l'objet de ce passionnant roman cynique et rythmé.

samedi 9 août 2025

Benoît Vitkine - L'enclave

 

Je le conseille.

On suit l'itinéraire d'un ado slave et pauvre dans une déambulation très bien racontée, ceux qui ont été slaves et pauvres prendront un énorme shoot de nostalgie en lisant ce roman, même si normalement vous êtes encore slaves, en espérant que vous êtes malgré tout un peu moins pauvres.

Le roman est très bien écrit, pas de longueurs inutiles (200 pages au format poche), les six mois que dure le récit regorgent d'autant d'anecdotes que votre collègue moyen mettrait une dizaine de vies à vivre, et encore c'est pas sûr, du coup je pense que si vous n'avez jamais été ni slave, ni pauvre, vous devriez quand même passer un bon moment.